Cécile Bourdon
A la reconquête de son pouvoir d'agir
Dernière mise à jour : 1 oct. 2020
« Si du point de vue de la prescription, tout emploi s’énonce en missions, fonctions, postes, tâches afférentes au contrat passé, le travail effectif est souvent invisible et rendu impensable (…) (Mayen, 1999)
« Quel est ton métier ? Tu bosses dans quoi ? Tu fais quoi dans la vie ? C’est quoi ton job, ça consiste en quoi ?... »
Qui ne s‘est pas un jour senti dépourvu pour répondre à cette question posée, par une collègue d’un autre service, un ami ou encore un nouveau chef de service ?
« … Je suis dessinatrice VRD… moi je suis Responsable RH, … et moi je suis agent social au CCAS… »…
« Ah ! Et donc qu’est-ce que tu fais de tes journées ? Quels outils tu utilises et pourquoi pas d’autres ? Tu travailles dans un atelier ? Tu fais bosser les autres alors ? Tu fais des plannings? C’est un travail de bureau ? Tu es seule toute la journée ? Tu es en relation avec des clients, comment tu les contacts ? Comment tu sais si ton travail est bien fait ?... »
Oh combien de représentations, s’affichent alors ! Heureuses ou malheureuses mais souvent incomplètes, elles ne nous satisfont pas!!!
Lorsque l’on répond à ces questions pour soi-même, déjà on se dit que notre fiche de poste est loin de tout dire de nos journées de travail, et donc de notre métier.
Mais aussi, lorsque l’on commence à répondre à ces questions, à décrire nos tâches, nos journées, on se dit qu’on n’est pas couché ! On réalise alors, que depuis notre-nos formation-s de nombreuses compétences ont émergées.
A réaliser des tâches ou tenir des fonctions sans interpeller le pourquoi, sans de temps en temps les confronter au regard de l’autre, on banalise et plus embêtant, dans certains cas on se démobilise.
Quand on y regarde de plus près, on réalise que l’on s’est appuyé à la fois sur un savoir, une théorie, une méthode, une observation, ... Ainsi petit à petit on se réinstalle dans son métier avec un regard expert: on le questionne, on le triture, on le confronte, on le transforme, on fait évoluer ses gestes, ses techniques. De cette façon on se l’approprie, c’est une reconquête de ses "savoirs...", de ses compétences et de son pouvoir d'agir, c’est le cercle vertueux pour être bien ou mieux dans son poste de travail.
En cela que cela l’analyse de la pratique est un outil fort de mobilisation et un acte réel de formation. Ce qui est au cœur du sujet c’est la prise de conscience de ses actes, la remise en question, parfois la remise au goût du jour, la capacité à regarder ses gestes avec un œil critique aussi objectif que possible, pour leur donner de la valeur.